PHOTOREPORTAGE • RETOUR SUR L'ÉTÉ CULTUREL 2024

À l’été 2024, la coordination régionale Passeurs d’images en Île-de-France a renouvelé pour la cinquième année ses propositions d’actions culturelles « hors les murs », au bénéfice des salles de cinéma indépendantes du territoire. Ces propositions participatives, menées par des intervenants professionnels, se sont tenues dans l’espace public et se sont adressées à un public intergénérationnel.

Les travaux photographiques menés par Sophie Loubaton et Thomas Faverjon reviennent en images sur cet été 2024. Ils s'accompagnent de témoignages récoltés auprès de ceux qui ont permis aux projets de voir le jour. Retour sur ces beaux moments à l'occasion du lancement de la nouvelle édition.

DU CINÉMA POUR SE RASSEMBLER ET SE RENCONTRER

"Les enfants sont mélangés. C’est à la fois des enfants qui viennent des quartiers un peu privilégiés de la ville, mais c’est aussi des enfants qui viennent des quartiers qui le sont moins (...)."

Gihane Besse, responsable des relations publiques du Cinéma Garde-Chasse aux Lilas

© Sophie Loubaton

 

« Ça a été un vrai moment de partage. »

Gihane Besse, responsable des relations publiques du Cinéma Garde-Chasse aux Lilas
 

" [Le dispositif venait] enrichir le sujet de la salle de cinéma, c’est-à-dire un lieu collectif dans lesquels les gens se rassemblent pour voir sur un écran un film. (...) On était en coopération avec des publics (...). Et du coup il y a eu des échanges aussi entre les personnes du public, les participants et ces professionnels."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

© Sophie Loubaton

© Thomas Faverjon

© Thomas Faverjon

 

"Ce qui a été réjouissant, c'est de voir comment chacun a pu prendre sa place dans ce projet-là avec son ressenti, sa cinéphilie, son âge, ses attentes. 
(...)
On a un ensemble, alors qu'au départ, on a des gens qui ne se connaissent pas forcément. Avec des parcours, des âges, des attentes complètement différents.
(...)
Chacun était légitime et à son endroit pour pouvoir parler des corpus de films qu'il avait en tête et à présenter. 
(...)
Le mélange entre l'ensemble des participants a été le plus réussi."

David Ramarquès, responsable cinéma au Théâtre-Cinéma Paul Eluard à Bezons

© Thomas Faverjon

© Thomas Faverjon

"Tout le monde a joué le jeu."

Yves Bouveret, délégué général d'Écrans VO et producteur

DU CINÉMA POUR TOUS

© Thomas Faverjon

"On les voit élever le doigt sur plein de photos. Ils étaient vraiment à fond. Ils avaient vraiment envie de faire les choses et d’essayer.
(...)
En particulier, je trouve qu’il y a des photos assez chouettes, notamment celles où on les voit capter du son à même le sol. Ils doivent certainement enregistrer des pas ou des bruits qui ont servi ensuite pour la bande-son de l’extrait. Je trouve ça assez beau de voir ce détail où il faut faire preuve d’imagination et où des choses simples permettent de créer des sons qui collent à une image qu’on n’a jamais vu avant.
(...)
Dans leur globalité, les photos donnent vraiment le ton d’enthousiasme partagé, de fierté aussi face à ce qui a été réalisé tous ensemble."

Gihane Besse, responsable des relations publiques du Cinéma Garde-Chasse aux Lilas

© Thomas Faverjon

© Thomas Faverjon

© Sophie Loubaton

 

 

"Cette expérience atypique de transformer finalement et de travailler ensemble à transformer l’espace public comme une sorte de salle de cinéma pour les publics... (...). Tout à coup un mur banal devient une mini salle de cinéma et reçoit la magie en fait de la projection c’est quand même quelque chose de toujours assez fascinant."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

"On avait envie de faire quelque chose qui soit un spectacle autour du cinéma mais qui soit participatif et garder une vraie dimension ludique. Parce que jouer ensemble, c'est ce qui rassemble les gens. Voilà. Donc se poser dans l'espace public, c'est totalement démocratique. On peut toucher tout le monde. Là où, si on était à l'intérieur de murs plus institutionnels, on aurait peut-être moins de... On n'aurait pas le même public. (...) Des images, on ne sait jamais si elles sont vraies ou pas. Donc c'est un moyen de proposer aux gens de mieux les lire et mieux les décrypter. (...) En fait, c'était pas seulement moi dans ma tête, c'était une rencontre (...) et en fait, il y a aussi une rencontre dans le jeu qui se fait directement."

Marc Pueyo, cinéaste et co-fondateur du collectif L’Œil du Baobab

© Sophie Loubaton

© Sophie Loubaton

© Sophie Loubaton

 

 

"Je trouve que ce qu'on voit sur les photos, c'est que c'est un cinéma qui s'adresse à tout le monde. On a des enfants, on a des gens, manifestement issus de l'immigration, qui sont jeunes, qui sont vieux. On a des femmes voilées parfois. On a des hommes qui jouent avec des femmes. Et on a aussi une vraie dimension technologique qu'on retrouve avec ces personnages dans des navettes spatiales. On sent aussi que tous ces gens-là, ils s'amusent, qu'ils sont sortis de leur quotidien."

Marc Pueyo, cinéaste et co-fondateur du collectif L’Œil du Baobab

© Sophie Loubaton

© Sophie Loubaton

"On peut vraiment faire des choses magnifiques avec rien. (...) Il faut bricoler, c'est comme ça qu'il se passe des choses vraiment très intéressantes (...). Il ne faut jamais oublier qu'à un moment donné, il faut sortir, il faut enregistrer, il faut prendre des images, il faut les mettre ensemble, il faut s'amuser quoi, il faut surtout s'amuser en fait, il y a une dimension du jeu qu'il ne faut pas oublier, et cette dimension-là, elle crée du sens, elle crée des émotions, c'est vraiment le but de cet atelier. (...) Les images sont toujours un peu un prétexte à créer. (...) Ce qui est intéressant justement, c'est de créer des nouvelles connexions. C'est un vrai travail collectif."

Romain Baujard, cinéaste et musicien

© Thomas Faverjon

DU CINÉMA CONNECTÉ À SON ENVIRONNEMENT ET À SES PUBLICS

© Thomas Faverjon

"Après avoir regardé des extraits de films, imaginé une thématique de projection à faire dans l’espace public, on va cartographier de façon sensible l’espace public qui est autour de la salle de cinéma. Donc, on part en balade. Et ce qu’on fait, et ce qu’on nous voit faire là, c’est qu’on prend des photos de jour, de lieux où on pourrait imaginer des projections. (...) On chemine pour définir et préciser de plus en plus notre intention dans la relation à l’espace public réel. (...) Et là, c’est la première étape où on prend des photos d’endroits imaginaires, finalement, projetés pour faire des projections. (...) Et ce que je trouve très beau dans cette photo, c’est qu’on nous voit en groupe, mais on perçoit bien qu’on a chacun un regard singulier."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

"Si on la décontextualise, c’est une image qui fusionne avec l’espace public. (...) Parce que c’est une porte de garage. Et on voit sur l’image les bords de la porte du garage. Et on a le numéro de la porte du garage qui apparaît dans l’image, qui va finalement enrichir l’image. On a en bas la végétation qui va changer le cadrage de l’image et qui fait que le bas de l’image, c’est un cadrage végétalisé. Ce n’est pas un cadrage rectangulaire classique. Je trouve ça très beau parce qu’on voit très bien le film. C’est un film qui a été réalisé par Agnès Varda. C’est une séquence où elle est gênée par son écharpe à cause du vent. Elle a des problèmes avec son écharpe. Elle est en train d’essayer de faire une mise en scène du réel sur une plage. C’est une des scènes de son film. Et ce film-là, il s’intègre lui aussi dans une sorte de réalité qui résiste. Pour moi, ça apporte une énorme poésie au cinéma. C’est-à-dire qu’il est d’autant plus poétique qu’il est dans la rencontre avec le réel quotidien qui est complètement transcendé et sublimé par cette magie du cinéma et de la projection. (...) Je trouve qu’elle est importante aussi, cette photo, parce qu’elle montre la modestie du projet. (...) Agnès Varda, c’était aussi une cinéaste de la modestie. Son cinéma, c’est un cinéma de la modestie, un cinéma fait avec les moyens du bord. On est vraiment sur le fil de la fragilité, et je trouve que ça nous met en contact avec des cinémas peut-être plus intimes, et qu’on a peut-être du mal à voir au quotidien."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

© Thomas Faverjon

"Sans perdre la singularité de l'apport de chacun, avec toujours un collectif qui va essayer de faire que la projection soit la plus singulière et la plus étonnante, la plus intéressante possible."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

 

"Oui, c'est-à-dire que ce qu'on offre, ce cinéma, éphémère, il s'offre aussi aux passants, aux gens qui se sont pas inscrits, qui savent même pas ce que c'est, et qui, eux aussi, reçoivent cette poésie, même si c'est en un instant, mais peut-être qu'ils s'en rappellent encore aujourd'hui, ou pas, on n'en sait rien, ça leur appartient, mais en tout cas, on a offert ça, et ça s'est pas passé là. Il y a des gens qui ne sont pas inscrits, qui ne savent même pas ce que c'est, et qui, eux aussi, reçoivent cette poésie, même si c'est un instant."

Benoît Labourdette, cinéaste, pédagogue, chercheur et consultant en innovation culturelle et stratégies numériques

© Thomas Faverjon

"Ça rejoint la dimension artistique, parce que c'était, c'est aujourd'hui une réserve biologique. (...)
Sur l'hippodrome, on a toujours fait une programmation en version originale sous-titrée. Que des films classés art et essai. Ce Riddle of Fire est un film méconnu, un film indépendant américain, qui se passe en forêt, mais dans une forêt aux États-Unis. On est plutôt dans l'imaginaire de la forêt. C'est un conte de fées, mais moderne. (...)
Il y a un lien très fort entre Georges Sand, la forêt de Fontainebleau, la dimension artistique. (...)
C'est vrai que ça ajoute un petit peu plus à l'imaginaire et à la magie de la forêt. Surtout pour les spectateurs qui redécouvrent la forêt."

Guillaume Benaily, directeur du festival Branche & Ciné

© Sophie Loubaton

© Sophie Loubaton

 

 

"C'était à une époque où il y avait une exposition au Petit Palais sur les peintres, dont un, Théodore Rousseau, qui a beaucoup peint à la forêt et qui l'a beaucoup défendue avec Georges Sand à un moment où elle était vraiment menacée par ce qui était déjà une forme d'industrialisation à leur époque. 
(...)
Et ces peintres, ces artistes, ont écrit des textes pour défendre la forêt.
(...)
Ça raconte l'histoire d'une chose qui semble extrêmement contemporaine."

Diane Regneault, comédienne et autrice

© Sophie Loubaton

"Donc, il y a une grande fleur derrière qui s'appelle le ciste. Je crois que c'est le ciste de Montpellier. En fait, j'aime beaucoup ça. J'aime beaucoup cette photo. Déjà, j'aime bien la présence de la fleur qui est à la fois projetée en grand derrière, qui est à la fois sur le vêtement. (...)  Alors là, on le voit moins sur la photo, mais les pétales sont très fragiles et très frappés. (...) Enfin, et puis, j'aime, voilà, que les choses qui sont petites, normalement, tout à coup soient, là, grandes."

Diane Regneault, comédienne et autrice

© Sophie Loubaton

 

 

"Donc, qu'il y avait plusieurs animations qui étaient prévues autour de la projection de Divertimento lors du plein air. (...) Je crois que c'était des circassiens, non ? Et il y avait aussi des ateliers maquillage. (...) Il y avait un collectif de femmes aussi de Gonesse qui avaient fait un buffet payant et du coup, avec plein de trucs à manger qui étaient hyper bons."

Pauline Plagnol, directrice du Cinéma Jacques Prévert à Gonesse

© Sophie Loubaton

"C'était une soirée de cirque avant la projection qui a permis de réunir Beaucoup de spectateurs, beaucoup de jeunes et de créer une ambiance festive. (...) Donc effectivement, c'était convivial, c'était familial, c'était festif."

Pauline Plagnol, directrice du Cinéma Jacques Prévert à Gonesse

© Sophie Loubaton

"Parce qu'en fait, nous, notre cinéma, il n'est pas en centre-ville. Il est dans un quartier qui s'appelle La Fauconnière qui est une cité. (...) Et nous, on fait un plein air habituellement à La Fauconnière dans une soirée festive effectivement globale qui regroupe différents services de la ville qui proposent différentes choses. "

Pauline Plagnol, directrice du Cinéma Jacques Prévert à Gonesse

"L'intérêt, c'est déjà la confiance dans le travail de Claudie et Diane, dans la proposition, le fait que c'est l'été culturel avec le partenariat avec Passeurs d'images. (...) Et c'était vraiment passionnant pour questionner le patrimoine cinématographique lié à une commune, ou le patrimoine lié au site."

Yves Bouveret, délégué général d'Écrans VO et producteur

Portraits à Gonesse par Sophie Loubaton