Les questions de cinéma sur la programmation de l'édition 2023-2024

Les questions de cinéma sont des interventions thématiques à partir d’un ou plusieurs films de la programmation. À partir d’un axe précis lié à des enjeux de mise en scène, l’intervenant propose aux élèves différents extraits de films. Objectif de ce type d’intervention : amener les élèves à consolider leur pratique culturelle grâce à cette ouverture sur le cinéma.

NOUVEAUTÉ 2023 : Métiers de cinéma : rencontre avec un professionnel (décoration, costumes, accessoires) – Coupez !

Coupez ! de Michel Hazanavicius, en tant que film sur le tournage d’un film, nous donne l’occasion cette année d’explorer les métiers du cinéma : comment se prépare un tournage ? Quels corps de métiers travaillent ensemble ? Comment les professionnels présents sur le plateau se mettent-ils au service de la vision du ou de la cinéaste pour créer un film ? Un professionnel du cinéma - accessoiriste, cheffe déco ou costumière - présentera son parcours et son métier à partir de documents de travail et d’extraits de films sur lesquels il a travaillé.

 

(c) Lisa Ritaine

Questions transversales sur l'ensemble de la programmation

Les genres cinématographiques : codes et renouvellement

Comment les genres cinématographiques se constitue-t-ils et comment les définir ? Quelles fonctions ont-ils pour l’industrie hollywoodienne, pour les auteurs et le public ? Comment les films au programme s’inscrivent-ils dans leur(s) genre(s) : entre création, approfondissement, renouvellement, détournement ou mise à mal ?

 

Filmographie indicative:

Body double (1984), Brian de Palma – Fenêtre sur cour (1954) et Vertigo (1958) d’Alfred Hitchcock

Under the silver lake (2018), David Robert Mitchell - Le violent (1950), Nicholas Ray 

Stranger things (2016), série créée par Matt et Ross Duffer - Les Goonies (1985), Richard Donner

Teddy (2020), Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma

Parasite (2019), Bong Joon-ho

Killers of the Flower Moon (2023), Martin Scorsese

Jouer avec le temps

Cléo marchant dans les rues de Paris

Grâce à quels procédés d’écriture et de montage les films jouent-ils avec la perception du temps par le spectateur ? Le point de vue narratif adopté dans le film influence-t-il ce rapport au temps ?  Exploration des notions de continuité temporelle et d’ellipse au cinéma à partir des exemples très différents de Cléo de 5 à 7 et Coupez !.

 

Filmographie indicative :

Les films de Christopher Nolan 

Un jour sans fin (1993), Harold Ramis

La série Poupée Russe (Russian Doll) (2019), créée par Natasha Lyonne, Amy Poelher, Lesley Headland

Un prince (2023), Pierre Creton 

Boyhood (2014), Richard Linklater 

La musique de film

De la musique iconique des Dents de la mer à la chanson centrale de Cléo de 5 à 7 en passant par l’accompagnement « live » de Jean-Pascal Zadi dans le plan-séquence de Coupez !, les films de la programmation déclinent un éventail très large de l’utilisation de la musique au cinéma. Quelle place la musique (ou son absence) occupe-t-elle dans la narration ? Quel rôle peut-elle jouer dans les émotions produites chez le spectateur, le rythme du film ? Accompagne-t-elle l’image, ou produit-elle du contraste ? Doit-on l’entendre ou l’oublier ?

 

Filmographie indicative :

Les musiques de films composées par Nino Rota (Les Vitelloni) :

Fortunella (1958), Eduardo De Filippo

Le Parrain (1972), Francis Ford Coppola

Les musiques de film composées par Michel Legrand (Cléo de 5 à 7) :

Les Parapluies de Cherbourg (1964), Jacques Demy

Yentl (1983), Barbra Streisand

Les musiques de films composées par John Williams (Les Dents de la Mer) :

La Saga Star Wars

Les 3 premiers films de la saga Harry Potter

Mais aussi :

Les Blues Brothers (1980), John Landis   

Jeux Interdits (1952), René Clément

Twin Peaks (1990) la série créée par Mark Frost et David Lynch.

Corinne Marchand et Michel Legrand chantent "Sans toi"

Le jeu d'acteur

Le travail de l’acteur de cinéma s’inscrit dans une mise en scène, en interaction avec une photographie (lumière, couleur), un cadrage, un montage, une captation de sa voix et le mixage de celle-ci avec d’autres éléments sonores. Pour aborder la place du jeu dans le film, partons de la possible fascination, du moins de l’intérêt des élèves pour les acteurs, pour la replacer ensuite dans une perspective historique et esthétique. Quelles sont les différentes techniques de jeu ? Qu’est-ce que jouer « faux » ? Qu’est-ce que la direction d’acteur ? Où se situe la frontière entre la personne filmée et le personnage ?

 

Filmographie indicative :

Boulevard du crépuscule (1950), Billy Wilder

Opening night (1977), John Cassavetes et Tout sur ma mère (1999), Pedro Almodóvar

Panique à Needle Park (1971), Jerry Schatzberg.

Funny people (2008), Judd Apatow

L’Esquive (2004), Abdelatif Kechiche

Les Vitelloni

Rester ou partir

Dans Les Vitelloni, les personnages sont comme enfermés dans leur ville à la géographie imprécise et aux horizons bouchés. Fellini a beau multiplier les ruptures de ton, la mélancolie revient toujours, et l’arrachement s’impose. Comment le cinéma montre-t-il les personnages sur le départ, le dilemme entre attachement à un lieu et désir d’émancipation ?

 

Filmographie indicative :

Touki Bouki (1973), Djibril Diop Mambéty

Chien de la casse (2023), Jean-Baptiste Durand

A bout de course (1988), Sydney Lumet

La vie invisible d’Eurídice Gusmão (2019), Karim Aïnouz

Lady Bird (2017), Greta Gerwig

Films de bandes

Un groupe de potes au cinéma, c’est toute une micro-société qui offre des personnalités antagonistes, des rapports de force et d’amitié. Paradoxalement, filmer le groupe permet souvent de questionner l’identité de l’individu en montrant plusieurs corps, à l’unisson ou en opposition. Comment ces groupes occupent-ils l’espace ? Quelles thématiques, de l’intime au sujet de société, se déploient dans ces films ?

 

Filmographie indicative :

Who’s That Knocking at my Door (1967), Martin Scorsese

Breakfast Club (1985), John Hughes, 

La vie au Ranch (2009), Sophie Letourneur

Ocean’s Eleven (2001), Steven Soderbergh

Les garçons de Fengkuei (1983), Hou Hsiao-Hsien  

Cléo de 5 à 7

Filmer Paris

Pour Cléo de 5 à 7, Agnès Varda filme Paris en décors naturels, de façon quasi documentaire. Son film se nourrit de l’agitation de la rue, des regards des passants et de la lumière de l’été tout en embrassant complètement le point de vue subjectif de Cléo pour laisser affleurer son angoisse.

Depuis ses débuts, le cinéma a ainsi montré, inventé, rêvé Paris et ses habitants : quelles sont les spécificités de la ville en tant que décor ? Quelle influence les évolutions techniques (caméras légères, prise de son direct, drones etc.) ont-elles eu sur les images des villes ?

 

Filmographie indicative :

Ménilmontant (1926), Dimitri Kirsanoff

Un Américain à Paris, Vincente Minelli (1951)

Les Amants du Pont-Neuf (1991), Leos Carax

Amanda (2018), Mikhaël Hers 

A bout de souffle (1959), François Truffaut

Le kiosque (2020), Alexandra Piannelli / Les daguerréotypes (1975), Agnès Varda

Cléo dans les rues de Paris

Trajectoire de personnage

Cléo de 5 à 7

Cléo de 5 à 7 est très circonscrit dans l’espace et le temps : 2 heures, un trajet linéaire dans Paris. Ce trajet est aussi celui du personnage de Cléo, dont le rapport au monde, à sa propre image et à sa peur de la mort évolue grandement du début à la fin du film.

Alors qu’un acteur interprète en général un personnage sur un temps de tournage très court, son jeu, l’écriture, la mise en scène etc. permettent de faire comprendre au spectateur qu’il a connu des bouleversements intérieurs, ou que le temps a passé.

 

Filmographie indicative :

Les films de Hayao Miyazaki

My own private Idaho (1991), Gus Van Sant

Nous nous sommes tant aimés (1974), Ettore Scola

Scarface (1983), Brian de Palma

Le personnage d’Antoine Doinel, interprété par Jean-Pierre Léaud, dans les films de François Truffaut.

Les dents de la mer

Comment l’invisible fait peur

Surnommé Bruce, le requin mécanique des Dents de la mer s’est montré capricieux sur le tournage au point que Steven Spielberg a dû réduire le temps d’apparition du monstre marin à l’image. Quels sont, pour un cinéaste, les enjeux de la mise en scène du monstre ? Faut-il le montrer ? Ou plutôt : que faut-il montrer de lui, et surtout quand ? À partir de ces questions, explorons les mécanismes de la peur au cinéma.

 

Filmographie indicative :

Alien (1979), Ridley Scott

Psychose (1960), Alfred Hitchcock

Halloween (1979), John Carpenter

Nope (2022), Jordan Peele 

M le Maudit (1931), Fritz Lang

Détail de l'affiche du film

Des blockbusters pas si bête que ça

Les Dents de la mer a donné naissance au concept du blockbuster moderne, ces films aussi coûteux que rentables, qui bénéficient d’énormes budgets marketing et de diffusions massives. Mais comment marchent ces machines à dollars, comment furent-elles élaborées dès les années 70 ? Y a-t-il une esthétique du blockbuster, des sujets privilégiés ? La tension entre ambition artistique et contrainte économique est-elle différente aujourd’hui ? Peut-on dire que le blockbuster est en crise ?

 

Filmographie indicative :

La filmographie de Steven Spielberg

Matrix (Lana Wachowski et Lilly Wachowski) 

Starship Troopers (1998), Paul Verhoeven

Les films Spider-Man

Titanic (1997), James Cameron

La saga Star Wars

Sur le tournage des Dents de la mer

À vos marques !

Le corps au cinéma

Du corps survitaminé des super-héros au corps invalide des mutilés en passant par le corps augmenté défendu par le transhumanisme, les films se font l’écho des préoccupations de leur temps en inscrivant dans ces corps les dangers et les fantasmes d’une époque. Dans les 6 films du programme À vos marques !, le thème du sport permet d’explorer les représentations des corps en mouvement : le rapport de l’individu au groupe, l’effort, le handicap, l’émancipation.

 

Filmographie indicative:

La Beauté du Geste (2023), Sho Miyake

La saga Terminator

J’ai perdu mon corps (2019), Jérémy Clapin

Le grand bain (2018), Gilles Lellouche

Makala (2017), Emmanuel Gras.

Qu’est-ce qu’un (bon) court métrage ?

Techniquement, un court métrage est un film d'une durée inférieure à 59 minutes. Économiquement, les courts métrages ne sont que très rarement exploités dans les circuits commerciaux et relèvent largement d’une autre logique de financement non basée sur les recettes. Cette double particularité économique et formelle donne-t-elle lieu à une dramaturgie, une esthétique propres au court métrage ? Qui réalise des courts métrages et où peut-on en voir ?

 

Les baleines ne savent pas nager - Matthieu Ruyssen

Coupez !

Remake et détournements

Coupez !

Rejouer, refaire, détourner, parodier : Les réalisateurs se nourrissent des films qui les précèdent et l’histoire du cinéma est pleine d’hommages et de références. La filmographie de Michel Hazanavicius nous permet tout particulièrement d’explorer ces liens et de voyager de film en film : Coupez ! est à la fois le remake très sérieux d’un film japonais, une parodie de film de zombies, et une comédie sur un tournage. Pourquoi refaire un film (presque) à l’identique ? Quelle est la nuance entre pastiche et parodie ? Sur quoi repose l’humour dans la parodie ?

 

Filmographie indicative :

La filmographie de Michel Hazavanicius.

La filmographie de Quentin Tarantino

L’année du requin (2022), de Ludovic et Zoran Boukherma - Les dents de la mer (1975), Seven Spielberg

Pulsions (1980), Brian De Palma - Psychose (1960), Alfred Hitchcock

La saga Scary Movie - La saga Scream

La fabrique du cinéma

Les films de tournage dévoilent aux spectateurs l’envers du décor : trucages, contraintes de mise en scène, problèmes budgétaires, conflits ou relations amoureuses dans l’équipe…

Un film sur un tournage, c’est aussi un film sur un environnement de travail, sur l’acte de création et sa dimension collective : même quand l’objet en cours de création apparaît comme médiocre, c’est le geste qui est mis en lumière. L'entrée dans les coulisses d'un film rompt-elle la magie du 7ème art ou la renforce-t-elle ? Que racontent ces films sur le cinéma, mais aussi sur les spectateurs ?

 

Filmographie indicative :

Aprile (1998), Nanni Moretti

La nuit américaine (1973), François Truffaut

Chantons sous la pluie (1952), Stanley Donen et Gene Kelly

Le Mépris (1963), Jean-Luc Godard.

The Fabelmans (2022), Steven Spielberg

Ça tourne à Manhattan (1995), Tom Dicillo

Coupez! (c) Lisa Ritaine

Les zombies : horreur, humour et politique

Du gore à la comédie horrifique, les films de morts-vivants ont souvent une portée métaphorique : les zombies, corps humains déshumanisés, permettent toutes les exagérations et sont un bon support à la caricature. C’est donc parti pour une petite histoire du zombie à l’écran, de La Nuit des morts vivants à The Walking Dead !

 

Filmographie indicative :

La Filmographie de George A. Romero

Loup Garou de Londres (1981), John Landis `

Evil dead, franchise créée par Sam Raimi

Le dernier train pour Buzan (2016), Sang-ho Yeon

The Last of Us (2023), série créée par Neil Druckmann et Craig Mazin

La nuit à dévoré le monde (2018), Dominique Rocher