Interventions en classe 22-23

Les questions de cinéma sont des interventions thématiques à partir d’un ou plusieurs films de la programmation. Elles favorisent l’ouverture vers d’autres films de l’histoire du cinéma.

À partir d’un axe précis lié à des enjeux de mise en scène, l’intervenant porté par sa connaissance intime du cinéma propose aux élèves différents extraits de films. 

Objectif de ce type d’intervention : amener les élèves à consolider leur pratique culturelle grâce à cette ouverture sur le cinéma. 

Elles durent 2h et se déroulent dans les établissements scolaires à l’attention d’une seule classe participante.

Questions transversales sur l'ensemble de la programmation

 

Le corps au cinéma

 

Témoin du temps qui passe et gardien de la mémoire, le cinéma fixe sur pellicule des êtres que chaque visionnage fera revivre, même longtemps après leur disparition. Le corps en mouvement, après avoir impulsé l’invention du dispositif cinématographique (Eadweard Muybridge, Etienne-Jules Marey), se trouve aujourd’hui encore au cœur de ce dernier, qui ne cesse d’en travailler la matière et d’en explorer les limites. Du corps survitaminé des super-héros au corps invalide des mutilés, en passant par le corps augmenté défendu par le transhumanisme, les films se font l’écho des préoccupations de leur temps en inscrivant dans ces corps les dangers et les fantasmes d’une époque. Leitmotiv narratif privilégié pour interroger l’identité, le rapport à l’autre et les évolutions technologiques, le corps peut également faire figure de métaphore du procédé cinématographique : interrogé et réassemblé, il renvoie à la dynamique du montage, en constante recherche de sens.

Filmographie indicative

Point Break (1991), Kathryn Bigelow

Les Enfants d’Isadora (2019, Damien Manivel

Grave (2016), Julia Ducournau

Le Congrès (2013), Ari Folman

Les films de Buster Keaton

 

Jeux d'acteur

 









La dame du vendredi (1940)

 

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« Le corps de l’acteur traverse le cinéma, il en est l’histoire véritable. » 

Serge Daney, critique de cinéma

 

L’acteur de cinéma s’inscrit dans une mise en scène tel un maillon. Une photographie (lumière, couleur), un cadrage, un découpage, un montage de plans, une captation de sa voix et le mixage de celle-ci avec d’autres éléments sonores (ambiance, effets, musique…) l’enserrent. Il s’agit d’aborder cette question avec les élèves en partant de leur possible fascination, tout du moins de leur intérêt pour les acteurs, puis de la replacer dans une perspective esthétique et historique. Divers extraits de films permettent de saisir les différentes techniques du jeu de l’acteur et la manière dont celles-ci servent la mise en scène d’un réalisateur ; parfois au point de brouiller les pistes entre personne filmée et personnage.

Filmographie indicative

Man on the Moon (1999),  Miloš Forman

Un tramway nommé désir (1951), Elia Kazan

Boulevard du crépuscule (1950), Billy Wilder

Euphoria (2019-en production), Sam Levinson

Drive (2011), Nicolas Winding Refn

Femmes de fiction

 

Les rôles féminins et les actrices qui ont marqué leur époque, des femmes fatales hollywoodiennes à l’essor du féminisme au sein du cinéma contemporain, permettent une traversée éclairante de l’histoire des femmes. Objets courants de fascination et de désir, créant par là-même de véritables icônes admirées de toutes et tous, les personnages féminins évoluent de stéréotypes en constructions plus crédibles, selon le regard qui les observe et les façonne. La construction des études de genre, des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, permet désormais de considérer une histoire des femmes au cinéma riche de ses impasses et de ses révolutions. De quelle manière les cinéastes construisent-ils, par leurs choix de scénario ou de mise en scène, des archétypes incandescents ? Comment la diversité des regards permet-elle de développer des personnages féminins plus nuancés ? Et comment cette représentation des femmes a-t-elle évolué au cinéma ?

Filmographie indicative

Laura (1944), Otto Preminger

Cléo de 5 à 7 (1962), Agnès Varda

Girls (2012-2017), Lena Dunham

Princesse Mononoke (1997), Hayao Miyazaki

Carol (2015), Todd Haynes

Une affaire de famille

 









Y aura-t-il de la neige à Noël ? (1996)

 

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Source intarissable de fiction, la famille nourrit le cinéma de ses hauts et ses bas, de la comédie au drame en passant par le cinéma d’horreur. La caméra braquée sur le microcosme familial fonctionne souvent comme un kaléidoscope pointé sur la société, dont elle révèle les tensions et les contradictions. Filmer la famille, c’est souvent mettre en scène le désaccord en mettant à l’épreuve les opinions de personnages en conflit. C’est aussi brosser le portrait intime des parents et des enfants, libérer les colères, exhumer la souffrance et réveiller l’amour qui circulent dans les souterrains de l’histoire familiale. Le cinéma se fait alors “cartographe” des liens affectifs, ouvrant à l’écran des chemins que nous, spectateurs, pouvons à notre tour emprunter pour résoudre nos propres conflits.

Filmographie indicative

La famille Tenenbaum (2001), Wes Anderson

Cry-Baby (1990), John Waters

Parasite (2019), Bong Joon-ho

A bout de course (1988), Sidney Lumet

Chat noir, chat blanc (1998), Emir Kusturica

Une affaire de famille (2018), Hirokazu Kore-eda

Autour de La dame du vendredi, de Howard Hawks

Presse et cinéma

 

« Quand la réalité est devenue légende, imprimez la légende ! » 

Un personnage journaliste de L’homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1962)

“Cette réplique suffit à résumer la place de choix que le cinéma américain a toujours réservé au monde de la presse. Il est bien naturel que le cinéma se trouve des affinités avec le journalisme, puisque tous deux travaillent à mettre en forme (c’est la première définition du verbe « informer ») la réalité. Mais si les films situés dans ce milieu abondent à Hollywood plus qu’ailleurs, c’est que le journaliste est une figure clef de la mythologie nationale et qu’autour de ce héros très particulier, tout un monde se dessine qui offre naturellement les contours d’un genre cinématographique. Si les journalistes au cinéma semblent évoluer dans un monde et à un rythme à part du commun des mortels, c’est que leur fonction même est de vivre en dehors du temps commun. Sous les néons qui brouillent la frontière entre jour et nuit, il leur revient, en avance sur tout le monde, de fabriquer la trame du temps vécu par les citoyens ordinaires. Pas étonnant, dès lors, que le “newspaper movie” offre des récits souvent plus trépidants que son cousin le “film policier.” Extrait de la fiche numérique rédigée par Jérôme Momcilovic.

Filmographie indicative

Enquête sur un scandale d’Etat (2021), Thierry de Peretti

Pentagon Papers (2017), Steven Spielberg

Citizen Kane (1941), Orson Welles

Les nouveaux chiens de garde (2012), Gilles Balbastre et Yannick Kergoat

Le Gouffre aux chimères (1951), Billy Wilder

France (2021), Bruno Dumont

 

 









La dame du vendredi (1940)

 

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Scènes de la vie conjugale

 









La dame du vendredi (1940)

 

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Les scènes de la vie conjugale, plus prosaïquement les « scènes de ménage », occupent une place conséquente dans la dramaturgie cinématographique. Parfois, la rupture est déjà consommée et le conflit se déplace alors soit vers la fin du couple, soit vers la réconciliation. Cette dernière hypothèse, tracée par La dame du vendredi, constitue la “comédie du remariage”, selon la description qu’en fait le philosophe américain Stanley Cavell. Cette “comédie de l’égalité “, offrant une intrigue autour des mœurs de couples où les femmes jouent un rôle moteur, s’est développée dans le cinéma classique hollywoodien entre le milieu des années 1930 et 1940. 

Si le ton utilisé - ici la comédie  - varie selon les films, ce conflit questionne toujours la nécessaire cohabitation au sein du couple. Filmer la place de chacun dans un espace donné et dans sa relation à l’autre impose aux cinéastes des choix de mise en scène pour capter les gestes et les mots échangés : les deux partenaires doivent-ils être filmés à égalité ? Faut-il prendre partie ? Y-a-t-il des tierces personnes qui influent sur cet équilibre précaire (les enfants, un amant, la famille…) ? Quel rythme donner aux scènes et quel équilibre trouver à leur enchaînement ? Faut-il à tout prix retranscrire le paroxysme de la dispute ?

Filmographie indicative

Divorce à l’italienne (1961), Pietro Germi

Peggy Sue s’est mariée (1986), Francis Ford Coppola /Camille redouble (2012), Noémie Lvovski

Une séparation (2011), Asghar Farhadi

Deux (2019), Filippo Meneghetti

Eyes Wide Shut (1999), Stanley Kubrick

Autour de Raging Bull, de Martin Scorsese

« Je ne suis pas un héros » 

 

Les personnages héroïques se caractérisent principalement par leurs actions courageuses et leur droiture morale : surhommes ou héros du quotidien, leur brutalité est justifiée par des objectifs louables. Quand la quête de succès se fait au prix des valeurs qui caractérisent d’habitude les héros, c’est l’incarnation de leur morale qui est mise en jeu. Le courage se mue alors en acharnement, la force dérive vers la violence, jusqu’au point de non-retour derrière lequel ne les attend plus qu’un mirage de rédemption. Ce type de personnage résiste en partie à l’édification de ses actes. Ses travers, sa vulnérabilité, la représentation de ses échecs, ou de ses réussites et des pertes qui en résultent, renvoient le spectateur à ses propres faiblesses et à interroger sa propre morale : personnage principal de son existence, il est prompt à s’identifier aux différents rôles qu’on lui présente, qu’ils penchent vers la probité ou la perversion.

Filmographie indicative

Joker (2019), Todd Phillips

Arthur Rambo (2021), Laurent Cantet

Moi, Tonya (2017), Craig Gillespie

Bienvenue, Mister Chance (1979), Hal Ashby

Old Boy (2003), Park Chan-wook

Boxe et cinéma 

 









Raging Bull (1980)

 

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En filmant le sportif sur le ring, le réalisateur dépasse le côté purement visuel et chorégraphique du combat pour offrir au spectateur une mise à nu de son personnage. Le boxeur et ses démons intérieurs deviennent tout aussi palpables que les coups qu’il reçoit et qu’il donne. David Elkaïm

 

Le cinéma est né d’une volonté d’enregistrer le mouvement et de le retranscrire ; et quoi de plus mouvant qu’un boxeur, puisant dans ses dernières forces pour vaincre l'adversité ? Les cinéastes ont trouvé dans la boxe une source d’inspiration qui leur permet une stylisation de l’évolution physique et psychologique de leur personnage, un point de vue documentaire sur son corps, ou un enregistrement du rituel de l’entraînement jusqu’à l’acmé de la rencontre. Cette chorégraphie de l’épreuve offre au spectateur la lutte du personnage contre ses vices. Son désir de réussite se mue dans la possibilité de devenir quelqu’un  - d’autre -  en très peu de temps. Ce boxeur, incarnation bad boy du « rêve américain », livre donc chaque bataille sportive comme la dernière, en quête d’un dépassement de soi.  Quels sont alors  les enjeux de la captation des combats : jouer de la porosité entre le jeu de l’acteur et sa performance athlétique ? Décrypter les règles du jeu ? Magnifier le spectacle de l’effort physique ? Soutenir un des protagonistes à l’effort ? Amplifier la rage de vaincre jusque dans sa sauvagerie ? Ou être au contraire la chambre d’écho d’un perdant magnifique ?

Filmographie indicative

Rocky (1976), Sylvester Stallone

Rocco et ses frères (1960), Luchino Visconti

La Yuma (2009), Florence Jaugey

Ali (2001), Michael Mann

Soigne ton gauche (1936), René Clément

Autour de Femmes au bord de la crise de nerfs, de Pedro Almodóvar

Le film choral

 

Le film choral fait bande à part dans le paysage cinématographique tant il se dégage des repères classiques de la narration, et, dans le même mouvement, déstabilise le regard du spectateur. Ces films opèrent par le croisement de destins dont aucun ne paraît supérieur, qui forment un ensemble polyphonique et harmonieux. Ce procédé épouse tous les genres du cinéma, de la comédie au drame social, en passant par le drame familial. Le polar n’est pas en reste et demeure l’une des plus hautes expressions du film choral, où le détective/spectateur devra tisser les éléments du récit pour en percer le mystère.

La force du film choral tient de la sensation d’exhaustivité qu’il développe. Le regard parcourt différents groupes, comprend leurs intérêts. L’auteur peut donc développer une œuvre politique sans jugement où le collectif prévaut, et le film devenir film-monde. L’influence du procédé choral trouve inévitablement sa place dans l’univers des séries TV, médium adéquat à la multiplicité des intrigues et des personnages.Se posent alors des questions dans le prolongement des pertes de repères impliquées : quel est le sujet du film et que cherche-t-il à représenter ? A qui s’identifier et pourquoi laisser en suspens certains arcs narratifs ? En quoi le film témoigne-t-il d’un lieu, d’une époque ? Peut-on finalement rendre compte du monde social au cinéma, dans la diversité et la multiplicité des profils qui le composent ?

Filmographie indicative

City of Hope (1991), John Sayles

Magnolia (1999), Paul Thomas Anderson

Short Cuts (1993), Robert Altman

Cloud Atlas (2012), Lana et Lilly Wachowski

The Wire (2002-2008), David Simon

On connaît la chanson (1997), Alain Resnais

La théâtralité

 









Femmes au bord de la crise de nerfs (1988)

 

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Notion floue de par la subjectivité à laquelle elle invite, la théâtralité peut s’identifier à différents endroits d’un film, évoquant invariablement un sentiment de simulacre qui resterait l’apanage du théâtre : ces acteurs n’en feraient-ils pas un peu trop ? Pourquoi cette impression de carton-pâte dans cet appartement situé en centre-ville ? Comment se fait-il que les dialogues de cette tirade sonnent d’une façon si littéraire ?  À rebours de cette impression de réel propre au cinéma, la théâtralité rappelle à celui ou celle qui la perçoit que son objet d’attention est issu d’une série de choix, de constructions. Elle rompt ainsi avec l’immersion espérée, la suspension consentie de l’incrédulité, et tend un voile étanche entre soi et le film. La notion de superficialité s’en trouve d’autant plus mise en avant et interroge d’elle-même les raisons de son existence : qu’est-ce qui, dans le film, fait écho à cet assemblage perceptible et artificiel ? Quelles sont les raisons qui ont mené à ces choix de mise en scène ? Comment négocier l’équilibre entre impression de naturel et illusoire appuyé ?

Filmographie indicative

Hyenes (1992), Djibril Diop Mambéty

La corde (1948), Alfred Hitchcock

Tokyo Tribe (2014), Sono Sion

Dogville (2003), Lars Von Trier

Meurtre dans un jardin anglais (1982), Peter Greenaway

Autour d'Y aura-t-il de la neige à Noël ?, de Sandrine Veysset

Contes de cinéma

 

“Très tôt, le cinéma a puisé dans le riche répertoire des contes des personnages et situations. Dès 1899, Georges Méliès propose ainsi une adaptation de Cendrillon. Outre l'utilisation avantageuse d'un fond culturel connu de tous et libre de droits, il est possible de supposer une affinité plus profonde entre les dispositifs : rassemblés par le faisceau du projecteur comme autrefois par la voix du narrateur, les spectateurs glissent insensiblement vers les territoires de l'imaginaire, où toute chose excède – en taille, en intensité – l’expérience ordinaire. Ce retour à l’enfance, loin de n’être que régressif, peut aussi s’avérer le plus court chemin pour saisir les ambiguïtés du réel. Loin de se cantonner aux adaptations de textes canoniques, la présence du conte peut se découvrir au cinéma à la fois dans l’attrait jamais démenti pour une formule presque magique (“Il était une fois…”) et dans une certaine fonction accordée au récit. Le conte pose en effet la possibilité de transmettre, de façon symbolique et progressive, des expériences fondamentales. En ce sens, il est un apprentissage du monde, plus encore que le vecteur d’une morale figée, et cette construction du sens au fil des relectures lui donne sa perpétuelle actualité." Extrait de la fiche numérique rédigée par Raphaël Nieuwjaer.

Filmographie indicative

Princess Bride (1987), Rob Reiner

Shrek (2001), Andrew Adamson et Vicky Jenson

La Nuit du chasseur (1955), Charles Laughton

Mustang (2015), Deniz Gamze Ergüven

La Belle et la bête (1946), Jean Cocteau

 

 









Y aura-t-il de la neige à Noël ? (1996)

 

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L’enfance au cinéma

 









Y aura-t-il de la neige à Noël ? (1996)

 

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La représentation de l’enfance au cinéma ouvre toujours de nouvelles perspectives par un traitement documentaire, par un savant mélange de fiction et réalité ou à l’extrême par la pure fantasmagorie. La gravité des thématiques abordées n’en est pas exclue, bien au contraire : la décomposition de la famille, l’enfant abandonné ou livré à lui-même et la perte brutale de l’innocence. L’enfant se débat que ce soit par un basculement dans l’imaginaire, par un soutien  extérieur ou par une révolte plus frontale contre l’autorité. L’histoire du cinéma fourmille d’exemples d’enfants se protégeant d’un monde de bruit et de fureur grâce à des parents dévoués, une imagination débordante ou un regard filtrant tant bien que mal les horreurs. Comment l’enfant perçoit-il la violence ? Comment l’interprète-t-il ou la réinterprète-t-il ? Guerres, deuils, intolérances, ségrégations, rejets, blessures physiques ou morales, cruauté, pauvreté… l’enfant survit à tout, mais est-ce bien sans conséquences ? 

Filmographie indicative

Bonjour (1959), Yasujiro Ozu

E.T (1982), Steven Spielberg

Stand by me (1986), Rob Reiner

Adolescentes (2019), Sébastien Lifshitz

Tomboy (2011), Céline Sciamma

Les doigts dans la tête (1974), Jacques Doillon

Autour de Proxima, d'Alice Winocour

Conquêtes spatiales, quête intime

 

“Un parallèle a souvent été fait entre les films dans l'espace et le western pour la simple et évidente raison que se joue dans les deux registres une histoire de conquête. Celle-ci rejoint immanquablement une certaine mythologie américaine qui redéfinit ses limites dans le champ - vertigineux - de l'univers. Il est alors passionnant d'observer à quelles nouvelles expériences de cinéma ouvre cette confrontation avec un espace infini, des fictions qui s’intéressent plus que jamais depuis plusieurs années à la question du foyer. Que devient une famille soumise à l’épreuve de l’espace ? Lieu métaphysique et métaphorique par excellence, l'espace tend à ceux qui le traversent un miroir interrogeant ce qui fait ou défait leur humanité, ce qui les relie au monde, aux autres et ce qui les renvoie donc intimement à eux-mêmes. Cette interrogation se resserre sur le corps (ici maternel et paternel), lieu de toutes les tensions, pour mieux atteindre l'esprit. Aux mouvements de conquêtes s'associe parfois le mouvement inverse de la perte de soi. La question devient alors non pas seulement “que trouve-t-on dans l'espace” mais “que retrouve-t-on ?” Indéniablement, le genre apparaît comme la preuve que le cinéma d’action est aussi un cinéma mental, et que le pur divertissement qu’il représente n’est aucunement coupé d’une forme d’introspection.” Extrait de la fiche numérique rédigée par Amélie Dubois.

Filmographie

Apollo 10 ½ : Les fusées de mon enfance (2022), Richard Linklater

Interstellar (2014), Christopher Nolan

Solaris (1972), Andreï Tarkovski

Ad Astra (2019), James Gray

Gagarine (2020), Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

La fiction documentée

 









Proxima (2019)

 

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L’écriture de fiction n'empêche pas les cinéastes de se documenter par une riche investigation en amont du tournage. De même, la préparation physique et psychologique des acteurs, en immersion,  les conditionne à une exécution exacte des gestes en fonction du rôle attribué.  Ensuite, le tournage peut en partie se dérouler au plus près des lieux mêmes où se déroule l’intrigue. Enfin, des personnes expertes sont susceptibles d'attester de l’exactitude de certaines attitudes des protagonistes par rapport au milieu professionnel représenté. Même si le vraisemblable cinématographique ne se confond pas nécessairement avec le réel, ce travail d’ancrage de la fiction lui donne une certaine épaisseur et accroît la croyance du public dans le récit. Comment les réalisateurs fabriquent-ils ce mariage entre fiction et document ? Pourquoi les spectateurs adhèrent-ils aisément à cette construction hybride de la représentation filmique ? 

Filmographie

L627 (1992), Bertrand Tavernier

Hippocrate (2014), Thomas Lilti

Shéhérazade (2018), Jean-Bernard Marlin

Rien à foutre (2022), Emmanuel Marre et Julie Lecoustre

Saint Cyr (2000), Patricia Mazuy